RÉFLEXIONS
Nous n'avons aucune réserve à employer les polymères, composites que nous utilisons depuis plus de 25 ans (Dentacolor ; Kulzer, 1985) et qui, au fil des années, ont évolués vers des matériaux aux caractéristiques mécaniques améliorées (Columbus Cristobal : utilisé depuis plus de 15 ans, avec Alain Fournet avec un succès constant ; Adoro d'Ivoclar, matériau plus récent). Bien d'autres matériaux chez d'autres fabricants présentent les qualités que nous recherchons. Dans un cas clinique comme celui-ci, le patient doit être averti que le pronostic vital, particulièrement celui de la 22, est engagé et qu'il y a lieu de vérifier la vitalité régulièrement (monotoring). Le fait d'avoir utilisé une restauration en polymère céramique est particulièrement intéressant dans l'éventualité d'une intervention endodontique avec voie d'accès palatine, car nous avons l'assurance que l'accès serait facile à travers le composite ou bien à la jonction entre la dent et le composite. Il sera également extrêmement facile de restaurer la dent après l'intervention avec un matériau de nature similaire, donc un composite de cabinet, sans nuire au résultat initial obtenu. Le pronostic vital est lié au fait que la dent a subi un traumatisme avec une proximité pulpaire. L'option du traitement radiculaire intentionnel aurait pu être retenue.
RESTAURATION ESTHÉTIQUE
Le choix du matériau composite est également un atout dans la recherche d'un résultat esthétique facilité et relativement économique par rapport à la céramique. En effet, une facette en céramique feldspathique est élaborée par cuisson sur un revêtement réfractaire, et il est délicat d'assurer des corrections de teinte après essayage en bouche... Comparativement, avec des matériaux élaborés à froid sur un modèle en plâtre, il est extrêmement facile si besoin est, après essayage en bouche, d'assurer une correction partielle ou plus complète de la teinte, de la luminosité et des caractérisations esthétiques. Pour avoir pratiqué longuement ces matériaux composites ou polymères céramiques et avoir traité de très nombreux cas cliniques (Columbus - Alain Fournet), nous pouvons affirmer que, lorsque le patient présente une bonne indication (efficacité du brossage et PDI / habitudes alimentaires), ces matériaux se comportent particulièrement bien, même au-delà de dix années. Il n'est jamais interdit, soit de repolir ces restaurations, soit même d'éliminer une couche de surface et de restaurer une partie esthétique partiellement avec nos composites de cabinet après de longues années.
ZONE DE FRACTURE
La résistance mécanique est excellente et le joint est extrêmement facile à polir comparativement aux céramiques pour lesquelles la différence de dureté entre la céramique, la zone du joint et l'émail naturel n'est pas un atout mais plutôt une difficulté. La céramique pour les indications comme celles-ci est un matériau exigeant qui demande une grande maîtrise et qui s'avère fragile dans les phases de l'essai clinique. Le coût final pour le patient est supérieur en raison des phases cliniques plus délicates et du coût au laboratoire : entre la moitié et un tiers plus coûteux. Un autre élément lorsqu'on regarde attentivement les photos de départ : nous constatons que la ligne des collets est un petit plus haute, apicale sur la dent n°22. Selon nous, la 22 était originalement en vestibulo position, c'est sans doute la raison pour laquelle elle a subi un plus grand traumatisme avec une zone de fracture plus étendue que la 21. La restauration a permis de réaligner la dent sur l'arcade ce qui est un atout esthétique mais est aussi un élément favorable en terme de prévention de la traumatologie (le niveau gingival, par contre, demeure inchangé).
UNE PLACE DE CHOIX
Nous pensons qu'il est impératif de sélectionner les indications pour utiliser les composites de laboratoire ou polymères céramiques mais qu'il ne faut jamais hésiter à avoir recours à ces matériaux qui sont d'une gestion simple au cabinet (matériaux moins fragiles et réparables s'il y a un petit éclat), moins coûteux également car techniquement moins délicats dans la fabrication au laboratoire. Ces matériaux doivent être considérés comme nobles et ont une place de choix dans notre arsenal thérapeutique.