Principe de la couronne Monoblok :
Par l’existence d’un tenon court et large (environ 5mm x 5 mm) faisant partie intégrante de la couronne destinée à être collée, on évite l’inlay-core et la présence de métal. Le mode d’assemblage par collage permet de modifier le concept de rétention endo-canalaire par des tenons métalliques longs scellés avec des ciments traditionnels. Lorsqu’une dent à restaurer comporte encore des parois résiduelles autour de la chambre pulpaire, un tenon court et large suffit à assurer la rétention. Le mode d’assemblage par collage constitue la clef de voûte de l’édifice.
Les intérêts de la technique Monoblok sont multiples : couronne esthétique, simplicité de réalisation en clinique et au laboratoire, élimination du métal et diminution du coût de fabrication.
La préparation pour la technique Monoblok répond aux règles habituelles de la prothèse fixée en terme de sustentation et de stabilisation. C’est également le cas pour la rétention dont une partie importante est assurée dans cette technique par le collage amélo-dentinaire.
3 zones distinctes assurent ces trois fonctions :
La sustentation est assurée essentiellement par la marge périphérique dressée en forme d’épaulement à angle interne arrondi.
La rétention est obtenue par l’ancrage dans la chambre centrale: elle doit être profonde de 4 à 5 millimètres et doit présenter au moins trois parois résiduelles. Une seule paroi de hauteur plus faible, généralement la zone de la carie initiale, est acceptable. Cette zone ne doit cependant pas être sous gingivale (ou très discrètement) pour permettre une bonne gestion du collage qui vient compléter la rétention primaire obtenue par l’encastrement mécanique.
La stabilisation est assurée par le « trottoir circulaire » (en blanc sur le modèle) situé entre l’épaulement périphérique et le logement central. Ces derniers participent aussi à la stabilisation pour une part importante.
Il n’est pas souhaitable de pénétrer dans les canaux, au-delà du premier millimètre. L’ancrage illustré par cette photo d'une couronne Monoblok en céramique pressée Empress (Ivoclar) doit être considéré comme extrême et en aucun cas l’ancrage central ne doit comporter de véritables prolongements radiculaires. La capacité de réintervention ultérieure vers les racines mérite d’être préservée. Si la rétention par la chambre centrale est estimée insuffisante, il faut renoncer à la préparation pour une couronne Monoblok, et envisager une technique traditionnelle fondée sur un Inlay core et une couronne.
Le résultat clinique après collage montre le caractère hautement esthétique de la restauration, point fort de la technique (réalisation au laboratoire : Alain Lecardonnel). Il est du au mimétisme et à la transparence du matériau céramique Empress, mis en œuvre sans armature métallique.
Lorsque la hauteur de la couronne clinique est très faible, conjuguée à la présence de parois résiduelles de la chambre pulpaire de 4 à 5 millimètres de hauteur, nous avons une excellente indication de couronne Monoblok. La limite distale, discrètement juxta gingivale peut facilement être gérée au moyen d’un fil écarteur mis en place lors du collage.
Dans les situations cliniques où une paroi résiduelle a été préservée par soucis d’économie tissulaire, la couronne peut alors être comprise comme un onlay de céramique pourvu d’un ancrage radiculaire court et large. Pour la réalisation de la céramique, deux possibilités s'offrent à nous :
En haut : réalisation en céramique pressée en technique de maquillage (matériau de base blanc semi translucide). Elle est utilisée le plus souvent pour les dents cuspides.
En bas : réalisation en céramique pressée par la technique de stratification (matériaux de base teinté). Elle est préférée pour le secteur antérieur.
La radiographie post opératoire montre la différence d’aspect radiologique entre une couronne Monoblok sur la première molaire maxillaire et un assemblage traditionnel (inlay core à clavette et couronne céramo-métallique) sur la deuxième molaire. On peut apprécier la radio-opacité du joint de colle d’assemblage.
Séance clinique de préparation d’empreinte et de réalisation de la provisoire. 1h10 mn, (environ 20 mn de moins que pour une reconstitution coronaire et préparation périphérique pour une couronne céramo-métallique (CCM)).
Situation clinique de départ lors de la consultation en urgence, carie profonde, site 2, stade 4, selon la classification de Lasfargues avec effraction pulpaire sur la 16 : une obturation canalaire doit être entreprise.
On distingue trois parois résiduelles à mi-hauteur coronaire et une zone distale juxta-gingivale autour d’une chambre pulpaire large et profonde. On observe un parodonte sain et une hygiène parfaite. C’est une excellente indication pour une technique MONOBLOC.
Préparation : Indice de difficulté 7 par rapport à une CCM cotée arbitrairement 10.
On réalise un épaulement périphérique à angle interne arrondi d’un millimètre de large ménageant les trois parois résiduelles dont la hauteur est conservée sur un millimètre. La zone distale demeure juxtagingivale après préparation. La chambre pulpaire une fois dégagée jusqu'à l’entrée des canaux, on obtient une profondeur d’encastrement supérieure à 5 mm pour une section de tenon MONOBLOC d’environ 5 mm. Des légères contre-dépouilles incitent même à combler le fonds au moyen d’un ciment verre-ionomère afin d’éviter une mise de dépouille mutilante.
Eviction gingivale : indice de difficulté 5 par rapport à des limites périphériques sous gingivales cotées arbitrairement 10.
Un gros fil tressé légèrement imprégné (Ultrapack BISICO) permet une discrète éviction rendue aisée par le niveau supra gingival de la préparation. Seule la zone distale mérite une attention particulière pour permettre un bon accès du matériau d’empreinte jusqu’aux limites. On voit que le fonds de la chambre pulpaire à été paré avec un verre-ionomère.
L’empreinte des limites supra-gingivale est extrêmement facile en double mélange (putty soft et light ou superlight). La chambre pulpaire est injectée avec une seringue (STABYL) de même que les limites, au moment du retrait du fil. Aucune empreinte de logement canalaire n’étant nécessaire, cette étape est considérablement simplifiée.
La provisoire est réalisée à l’aide d’un auto-moulage pris lors d’une séance préalable sur la dent intègre ou bien dans la séance à partir d’un moule ion 3M positionné sur la dent préparée. Une boulette de résine est placée dans la chambre pulpaire lubrifiée avec de la vaseline.
L’enregistrement de la teinte s’effectue avec le teintier classique sans précaution particulière.
La séance d’essai clinique, de collage et de finition. 50 minutes, (10 minutes de plus que pour une CCM).
Le modèle de travail avec la reproduction des tissus marginaux en élastomère (Gingifast, STABYL). La couronne MONOBLOC est réalisée par technique de maquillage (Laboratoire A. Lecardonnel).
Essai clinique : indice de difficulté équivalent à l'essayage d'une CCM.
La couronne MONOBLOC dans son intégralité. Un gros tenon large et court. L’intrados prothétique destiné à être collé est mordancé au laboratoire. Après l’essai clinique il sera nettoyé à l’eau puis avec un solvant organique. On peut également utiliser le gel d’acide phosphorique qui sera rincée à l’eau. On applique ensuite un silane mono composant (Silanite IVOCLAR).
Collage : indice de difficulté 11 par rapport à celui d'une CCM cotée arbitrairement 10.
Le collage n’est pas un problème puisque les limites sont supra gingivales.
Etape de collage : un fil imprégné est placé uniquement en distale dans la zone juxta gingivale. Le parodonte est extrêmement sain et résistant face aux manœuvres de collage. La préparation est mordancée en prenant la précaution d’éviter l’application de l’acide sur les dents collatérales. Cela provoquerait après polymérisation de la colle une rétention d’excédents dans les embrasures. Un adhésif amélo-dentinaire est appliqué puis soufflé pour obtenir une couche fine puis polymérisé seul. L’intrados prothétique est enduit, soufflé et polymérisé de la même manière (Scotch Bond One 3M, One Step BISCO, Syntac SC IVOCLAR).
Remarque : Le collage de ces éléments prothétiques au moyen des résines 4-Meta (Superbond GENERIQUE INTERNATIONAL)(5) est une alternative intéressante. La visco-élasticité du matériau après polymérisation ainsi que sa grande capacité d’adhésion sur la dentine représente un atout particulièrement sécurisant pour la pérennité de l’édifice. Cependant sa polymérisation très lente et son adhésion sur les tissus mous ne facilitent pas l’élimination des excédents même lorsqu’ils sont encore malléables.
Le polymère de remplissage est du type dual (Variolink IVOCLAR, Choice BISCO). Avant sa polymérisation complète on élimine délicatement les excédents avec un pinceau puis avec une sonde au niveau des embrasures. Le composite de collage adhère assez peu à l’extrados prothétique parfaitement lisse. Pour préserver cet avantage, lors du mordançage au laboratoire avec l’acide fluorhydrique, on aura pris la précaution de ne pas déborder sur l’extrados.
Elimination des excédents : indice de difficulté 14 par rapport à l'utilisation d'un ciment de scellement classique coté arbitrairement 10.
Au niveau des embrasures une mini scie interdentaire (Serisaw DENMAT) sert à fractionner et à chasser latéralement les excédents.
Cas clinique terminé : la difficulté pour obtenir une bonne intégration esthétique peut etre cotée 5 par rapport à l’emploi d’une CCM arbitrairement cotée 10. Les CCM sont souvent trop opaques alors que le matériau Empress est d’un réalisme étonnant.
L’intégration parodontale est également un des avantages de la technique. Elle est due aux limites qui restent supra gingivales.
Laboratoire : Alain Lecardonnel